Chimie de spécialité : Unikalo se lance dans les peintures recyclées en rachetant Circouleur
SCSO Unikalo, un spécialiste des peintures en bâtiment, vient de racheter la start-up Circouleur, pionnière de la mise en place d’une filière de recyclage des peintures en France. Ainsi, alors qu’il avait déjà commercialisé, en 2012, une gamme de peinture biosourcée, Unikalo s’apprête maintenant à vendre des peintures recyclées à 90-95 %.
S’imposer comme un pionnier de la décarbonation des peintures à destination du secteur du bâtiment. C’est l’objectif que s’est fixé SCSO Unikalo, une société girondine, basée à Mérignac, et spécialisée dans la conception, la fabrication, la vente et la distribution de peintures en bâtiment. Et pour cause : « Nous recevons de plus en plus de demandes [de clients]. Dans le bâtiment, la RE 2020 – la nouvelle réglementation énergétique et environnementale de l’ensemble de la construction neuve – impose la réduction de l’empreinte carbone. Et la peinture a un (petit) rôle à jouer », fait savoir Thomas Pestourie, le p-dg d’Unikalo. Aujourd’hui, Unikalo se lance un nouveau défi, avec le rachat acté de Circouleur, une start-up fondée en 2015, à Blanquefort (à environ 12 km de Mérignac), et pionnière dans la mise en place d’une filière de recyclage des peintures en France.
Dans le détail, il s’agit de récupérer les déchets de peinture, à savoir tous les restes de pots en provenance des centres de tri, avant de les revaloriser en peintures propres à la consommation. « Les déchets passent par un système de tri, de traitement puis sont reconditionnés, en ajoutant notamment un peu de matières premières, ce qui permet d’obtenir des formules à base de 90 à 95 % de peintures recyclées », détaille le p-dg. À ce jour, les ventes annuelles de Circouleur, qui propose une gamme de douze couleurs, se sont élevées à 400 000 €.
Le premier objectif de cette reprise : réintégrer toute la production de la jeune pousse. Ses douze collaborateurs rejoindront ainsi les 1 250 salariés d’Unikalo. Puis, et bien qu’il soit « un peu tôt pour définir des objectifs précis », comme en atteste Thomas Pestourie, la suite consistera à développer cette nouvelle filière de récupération au niveau national. Car aujourd’hui, 28 millions de litres de peintures sont incinérées, chaque année. « Nous allons voir comment réagit le marché, (...) mais on est plutôt confiant, (...), parce qu’on sent que les clients sont de plus en plus friands à utiliser des peintures biosourcées ou recyclées », assure le p-dg. Avant de poursuivre : « Aujourd’hui, on peut dire qu’on est le premier industriel à vendre des peintures recyclées en France », dont un des principaux défis consiste à « organiser l’approvisionnement des peintures inutilisées ».
Plusieurs stratégies pour décarboner les peintures
Pour SCSO Unikalo, il ne s’agit pas là du premier projet visant à décarboner son offre. En 2012, l’entreprise a lancé sa marque « Naé » de peinture conçue à partir d’une résine d’origine végétale à 98 %, qui représente environ 2 % de son chiffre d’affaires. « On a été les premiers, il y a bientôt douze ans, à développer une gamme de peintures en bâtiment, à base de composants biosourcés », affirme Thomas Pestourie.
Outre sa gamme Naé et la future commercialisation des peintures recyclées de Circouleur, Unikalo propose également des peintures techniques pour permettre à ses clients industriels de diminuer la consommation énergétique des bâtiments. D’une part, la société fournit un système de revêtements, constitué d’une couche isolante – polystyrène, fibres de bois, etc. – recouverte d’une peinture spécifique. D’autre part, elle commercialise des peintures pour toiture plate bitumineuse, qui ont vocation à réduire la chaleur au sein des bâtiments, et donc l’utilisation de la climatisation. « Fournir de tels revêtements est une façon complémentaire d’apporter notre pierre à l’édifice du développement durable », ajoute Thomas Pestourie.
« Ce qu’on essaye également de faire, c’est de substituer le maximum de matières premières par des matières recyclées ou biosourcées dans chaque gamme de peintures », poursuit-il. Aussi, Unikalo a prévu des investissements de 1,2 M€ par an et par site industriel – deux sites, celui, historique, de Mérignac et celui de Cestas, récemment acquis en 2022 – et consacre également 2 M€/an à sa R&D. À titre d’exemple, des films de pare-brise peuvent être recyclés pour fabriquer des résines recyclées. Ou encore des coquilles d’œufs, d’huîtres et de Saint-Jacques, pour produire du carbonate de calcium, un élément qui contribue à la blancheur et à l’opacité de la peinture. « D’ici à deux ans, nous visons 15 % à 20 % de matières premières issus du biosourcé ou du recyclage », conclut le p-dg.