Dans le Haut-Rhin, B+T inaugure sa première centrale de production d’énergie issue des combustibles de récupération en France
La production d’énergie à partir de combustibles solides de récupération a démarré il y a près d’un an à Chalampé (Haut-Rhin). B+T inaugure officiellement la nouvelle infrastructure ce 26 avril. C’est l’industriel Alsachimie qui utilise l’énergie produite directement sur son site.
«La centrale fonctionne pratiquement à pleine charge», se réjouit Marie-Hélène Schneider, directrice générale de B+T environnement SAS. B+T inaugure officiellement le 26 avril sa première centrale française de production d’énergie à Chalampé (Haut-Rhin). «C’est la première centrale de capacité industrielle à être mise en service en France», ajoute la dirigeante.
Construite sur la plateforme chimique de Chalampé entre mars 2021 et octobre 2022, elle utilise des combustibles solides de récupération (CSR) pour produire de l’énergie, qui est directement utilisée par Alsachimie, situé à quelques mètres de là sur le même site. Le fabricant de sel de nylon remplace ainsi jusqu’à 40% de sa consommation de gaz naturel. Alsachimie, propriétaire de la plateforme industrielle de Chalampé, redistribue aussi une partie de l’énergie à ses voisins, Butachimie et Linde.
Déchets industriels
La combustion de 25 tonnes de déchets par heure chauffe de l’eau, dont la vapeur permet de produire 80 MWh thermiques par heure. La centrale est reliée à la chaufferie d’Alsachimie, qui est alimentée par cette vapeur. La moitié des CSR qui arrivent à l’unité de valorisation énergétique de Chalampé provient d’un site de transformation de déchets industriels construit dans ce but en 2022 et installé à quelque 20 kilomètres de là, à Pfastatt. Il est co-détenu par Schroll et B+T. L’autre moitié provient de déchets d’activité économique, collectés directement auprès d’acteurs tels que Schroll, Veolia, Suez, des collectivités, ainsi que des industriels papetiers. «Les déchets sont préqualifiés chez les clients, des échantillons sont prélevés pour analyses et leur traçabilité est assurée de leur provenance jusqu’à chez nous», souligne Francis Muller, directeur adjoint du site. Le CSR qui alimente la centrale doit afficher un pouvoir calorifique situé entre 10 et 12 mégajoules par kilo, quand la combustion d’un kilo d’ordure ménagère se situe à environ 8 mégajoules.
Avec la centrale de production d’énergie de B+T environnement , Alsachimie remplace jusqu’à 40% de sa consommation de gaz naturel à Chalampé. © EPCC
Trouver de nouveaux clients
Les fumées de l’incinération sont traitées par des filtres absorbants à base de chaux et de charbon actif, qui permettent de les débarrasser des métaux lourds, des dioxines et des acides. Sur la capacité de 200 000 tonnes annuelle de CSR, environ 5%, soit 10 000 tonnes de cendres, partent à l’enfouissement. Pour la même quantité de déchets, l’incinération produit aussi environ 40 000 tonnes de résidus minéraux, métaux ferreux et non-ferreux. Ce mâchefer est retrié pour ensuite être valorisé.
L'unité de valorisation énergétique de B+T Environnement sur le site d'Alsachimie à Chalampé produit 80 MWh thermiques par heure. © EPCC
L’activité du site a démarré à l’été 2023 et poursuit actuellement sa phase de réception, avec des tests de performance. B+T exploite déjà quatre centrales similaires en Allemagne. Celle de Chalampé, dans laquelle le groupe a investi 130 millions d’euros, doit aussi servir de vitrine pour décrocher de nouveaux clients français. «Notre activité repose sur trois piliers, l’installation de la centrale, son approvisionnement en CSR et un industriel pour acheter la vapeur», souligne Marie-Hélène Schneider. De grosses industries chimiques ou d’importantes collectivités pourraient se mettre sur les rangs des prochaines installations.