Décarbonation : BASF avance sur le vapocraquage électrique à Ludwigshafen
BASF, qui construit un démonstrateur de vapocraquage électrique, à Ludwigshafen (Allemagne), avec l'aide de Sabic et et de Linde, annonce l’installation des derniers transformateurs de l'unité. La mise en service est maintenant attendue pour la fin de l'année 2023.
C’est un événement exceptionnel qui est attendu pour la fin de année 2023. L’achèvement de la construction de la première installation au monde de fours de vapocraquage qui seront chauffés à l’électricité, et non plus avec des combustibles fossiles, tels que le gaz. En réalité, c’est d’abord un démonstrateur qui va valider la technologie sur le verbund de Ludwigshafen du géant allemand BASF. Il sera entièrement intégré à l’un des vapocraqueurs existants du site. Il testera deux concepts de chauffage différents, traitant environ 4 tonnes d'hydrocarbures par heure. Dans le premier cas, il s’agit d’un chauffage direct qui applique un courant électrique aux tubes de traitement à l'intérieur du réacteur. La seconde option est un chauffage indirect par radiation qui utilise la chaleur d’éléments chauffants placés autour des tubes. Au total, l’installation consommera 6 mégawatts d'énergie renouvelable.
En ce mois de septembre, une étape cruciale vient d’être franchie avec succès, avec l’installation des derniers transformateurs de l'unité de démonstration. « Les transformateurs convertissent le courant en tension requise par l'usine. Il y a neuf transformateurs au total et plusieurs milliers d'ampères de courant circulent à travers chacun d'eux », explique le groupe BASF.
Cette opération de vapocraquage nécessite des quantités importantes d’énergie. C’est elle qui décompose les hydrocarbures en oléfines – principalement l’éthylène - et en aromatiques, point de départ de toute la chimie industrielle. Généralement, la réaction est réalisée dans des fours à des températures d'environ 850 degrés Celsius.
BASF, Sabic et Linde, partenaires du projet
Dans ce projet, le géant allemand n’avance pas tout seul, puisqu’il a noué un partenariat avec le saoudien Sabic et son compatriote Linde, déjà annoncé en septembre 2022. Ce sont BASF et Sabic qui prennent en charge l’investissement avec un démonstrateur qui sera donc exploité par BASF. Linde est le partenaire qui assure l’ingénierie et la construction. Si l’installation fait ses preuves, il pourra, à l’avenir, commercialiser la technologie auprès de tiers. Le ministère allemand de l'Économie et de la Protection du climat soutient le projet à hauteur de 14,8 millions d'euros, dans le cadre du programme de financement « Décarbonation de l'industrie ». De plus, le projet est financé par l'Union européenne à travers le fonds « NextGenerationEU ».
L’enjeu est de taille, puisqu’il s’agit de décarboner Ludwigshafen qui est souvent annoncée comme la plus grande plateforme chimique au monde. Grâce à ce nouveau concept de chauffage basé sur des fours électriques, la réduction des émissions de CO2 pourrait atteindre les 90 %, par rapport à celles découlant des technologies conventionnelles. Un enjeu de taille, si l’on considère que le vapocraquage est aussi l’un des processus de production les plus énergivores de l’industrie chimique.
Cette initiative n’a pas manqué d’inspirer d’autres acteurs de la pétrochimie et du procédé. En juin dernier, un consortium, formé par le français Technip Energies et les américains LyondellBasell et Chevron Phillips Chemical, avait annoncé la signature d'un protocole d'accord pour la construction d'une unité de démonstration de la technologie de four électrique de vapocraquage de Technip Energies (eFurnace by T.EN). L'unité de démonstration sera située sur le site de LyondellBasell, à Channelview, au Texas, aux États-Unis, avec le même objectif d’éprouver la technologie en vue d’un passage à l'échelle industrielle.
