En Meurthe-et-Moselle, Carbios pose la première pierre de son usine de biorecyclage par voie enzymatique des plastiques PET
Le français Carbios a posé le jeudi 25 avril à Longlaville (Meurthe-et-Moselle) la première pierre d’une usine de biorecyclage des plastiques PET par voie enzymatique. Ce projet de 230 millions d’euros ouvre la voie à la production de résine vierge à partir de déchets complexes comme les pots et barquettes, mais aussi les textiles en polyester.
Les deux monomères constituant de base des plastiques PET (polyéthylène téréphtalate) seront produits d’ici 18 mois grâce à une technologie de recyclage enzymatique dans l’usine Carbios de Longlaville, en Meurthe-et-Moselle. La société de biotechnologie française a posé le jeudi 25 avril, au cœur de l’ancien bassin minier lorrain, la première pierre de ce projet de 230 millions d’euros, investissement soutenu à hauteur de 30 millions d’euros par le plan France 2030 opéré par l’Ademe et de 12,5 millions d’euros par la région Grand Est.
Pour Philippe Pouletty, président de Carbios, cet évènement marque «une étape majeure» dans le développement de la start-up clermontoise fondée en 2011 avec l’idée «que la science de très haut niveau peut résoudre de nombreux problèmes sur la planète si on parvient à porter ses innovations jusqu’à l’échelle de l’usine».
Après le démarrage d’un démonstrateur industriel en 2021 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), la PME cotée de 95 salariés mettra donc en service en 2026 à Longlaville, sa première usine, représentant 70 emplois directs. Les installations seront principalement composées de quatre cuves de 300 mètres cubes chacune dans lesquelles des enzymes viendront dépolymériser des déchets plastiques en PET : des bouteilles, les pots et barquettes, mais aussi des textiles en polyester.
Emmanuel Ladent, directeur-général de Carbios, compte toutefois minimiser les approvisionnements en bouteilles, «un marché dont les prix demeurent très volatiles» pour davantage cibler les déchets plus complexes, à l’instar des pots et barquettes multicouches, colorées ou opaques, «des résidus post-consommation qui ne sont actuellement pas ou peu triés, donc moins coûteux». Le directeur-général insiste également sur les atouts de la technologie enzymatique qui permet de traiter «des déchets de qualité très médiocre» et atteindre un taux de recyclage de 90%, le tout en abaissant de 51% les émissions de CO2 par rapport à la production de PET vierge d’origine fossile, selon la méthode d’analyse du cycle de vie de l’Ademe.
Les installations industrielles seront en mesure de traiter 50 000 tonnes par an de déchets PET puisés dans un rayon de 400 kilomètres environ autour du site proche des frontières belge et luxembourgeoise. Des accords ont d’ores et déjà été signés avec Citeo, l’éco-organisme en charge de la filière des emballages ménagers en France et l’allemand Landbell, l'opérateur de plus de 40 organisations de responsabilité des producteurs.
Contrats de licence
En sortie d’usine, les deux monomères se présentant sous la forme d’une poudre blanche (acide téréphtalique) et d’un liquide (éthylène glycol) seront commercialisés auprès de fabricants européens de PET, générant un chiffre d’affaires estimé à 150 millions d’euros par an. Une partie de la production devrait rejoindre les sites allemand et hollandais d’Indorama Ventures, un des leaders mondiaux dans la production de PET avec lequel Carbios finalise actuellement un accord. A noter que l’usine de biorecyclage est construite sur un site de ce groupe thaïlandais de 26 000 salariés (chiffres d’affaires de 17,4 milliards d’euros en 2022), une usine spécialisée dans la production de fibres PET pour l’industrie des pneumatiques.
«Longlaville est la première d’une longue série d’usines de biorecyclage du PET que nous comptons construire en Europe et dans le monde par nos propres moyens ou en commercialisant notre technologie sous forme de contrats de licence auprès d’acteurs de la chimie, de la gestion déchets, etc.» annonce le directeur-général de Carbios. L’entreprise (chiffre d’affaires de 24 000 euros en 2023) discuterait actuellement avec une dizaine de partenaires potentiels «de manière assez poussée». Parallèlement, ses équipes de R&D ne restent pas inactives. Elles œuvrent déjà à adapter la technologie de dépolymérisation par voie enzymatique à d’autres classes de plastiques.