Engie Solutions pose la turbine de la centrale biomasse de Novacarb à Laneuveville-devant-Nancy
Engie Solutions a installé la turbine de cogénération de la future centrale biomasse qui doit contribuer à la décarbonation du site Novacarb de Laneuveville-devant-Nancy (Meurthe-et-Moselle). Ce spécialiste de la chimie minérale planifie sa sortie du charbon à l’horizon 2024, un prélude à des investissements industriels.
La livraison et l’installation mardi 1er mars de la turbine de cogénération d’une centrale biomasse, construite par Engie Solutions, marque un grand pas vers la transition énergétique du site Novacarb de Laneuveville-devant-Nancy (Meurthe-et-Moselle). Ce projet de décarbonation apparaissait vital pour la pérennité de cette usine de production de cabonate et bicarbonate de sodium, filiale du groupe Humens, nouvel acteur français de la chimie minérale de spécialités. L’investissement de 87 millions d’euros est porté par la société Novawood, codétenue par Engie Solutions (51%), Novacarb (30%), et la Caisse des dépôts (19%).
Ce site industriel, entré en activité il y a plus de 160 ans sur un gisement de sel au sud de Nancy, consomme 450 tonnes de charbon par jour pour couvrir les besoins de ses procédés en vapeur. D’abord puisé dans les houillères de Lorraine, ce combustible fossile a ensuite été importé d’Afrique du Sud. A sa mise en service en septembre 2022, la centrale de cogénération biomasse (65 mégawatts thermiques et 15 mégawatts électriques) permettra d’arrêter deux chaudières vieillissantes au charbon.
Mobilisation des élus du territoire
Le projet Novawood, synonyme de 20 nouveaux emplois, a connu une pousse lente. Les premières discussions ont été entamées il y a huit ans avec Engie, ainsi qu'avec la SNCF, car la future centrale sera alimentée en bois de récupération et en traverses de chemin de fer. Présélectionné en février 2016 dans le cadre d’un appel à projets de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), le dossier a vu son soutien par l’Etat remis en cause en 2018, suscitant un mouvement de protestation des élus du territoire.
Les capacités de la future unité ont été revues à la hausse et le ministère de la Transition écologique a finalement accordé en décembre 2019 l’autorisation de mise sur le marché de 115 gigawattheures d’électricité "verte", soit la consommation de 65 000 foyers. A la mise en service de la centrale de cogénération biomasse, l’économie avoisinera 150 000 tonnes équivalent CO2 par an. Pour autant, Novacarb n’aura pas définitivement tourné la page du charbon.
Emissions divisées par deux
Le second étage de la transition du site où Humens emploie 310 personnes (136 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2021), porte sur la construction d’une centrale de valorisation énergétique des CSR (combustibles solides de récupération), des déchets ne pouvant être recyclés. Ce projet de 100 millions d’euros d’investissement est porté en totalité par le groupe Suez. Baptisé Novasteam, il est entré en phase d'enquête publique le 28 février 2022. A sa mise en service, au deuxième semestre 2024, cette unité de 55 mégawatts thermiques, emploiera une quarantaine de personnes et permettra l’arrêt des ultimes centrales au charbon.
« Les projets Novawood et Novasteam sont couplés à des efforts destinés à augmenter notre efficacité énergétique. Avec l’aide du Plan de relance, nous allons également réduire nos besoins en vapeur. Il en résulte qu’en 2024, le site industriel aura divisé par deux ses émissions de CO2. A cet horizon, nos besoins en vapeur seront couverts pour un tiers par la biomasse, pour un tiers par les CSR et pour le dernier tiers par le gaz », indique Frédéric Louis, le directeur du site Novacarb.
Une nouvelle page s’ouvre pour l’usine du groupe Humens (400 personnes), un acteur né en décembre 2021 de la cession des activités de chimie minérale du français Seqens à son ancien actionnaire, Eurazeo. « La sécurisation de nos ressources en énergies primaires permet d’envisager de manière sereine l’augmentation de nos capacités de production en bicarbonate », conclut Frédéric Louis.
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