Hydrogène vert : Lhyfe prépare sa montée en échelle en misant sur l’offshore

Après avoir produit ses premières quantités d’hydrogène vert et renouvelable en mer, au large du Croisic (France), dans le cadre de son projet Sealhyfe, la société nantaise accélère sa montée en échelle dans l’offshore. Lhyfe vient en effet de remporter une subvention européenne de 20 millions d’euros pour construire une unité de production en mer du Nord, à 1 km des côtes d’Ostende, en Belgique.

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Hydrogène vert : Lhyfe prépare sa montée en échelle en misant sur l’offshore
À gauche : le pilote de production d’hydrogène vert et renouvelable offshore de Lhyfe, sur la plateforme Wavegem de GEPS Techno. À droite : l’éolienne flottante d’une puissance de 2 MW, sur la turbine Floatgen de BW Ideol. Sur le site d’essais en mer SEM-REV de Centrales Nantes et d’Open-C, à 20 km des côtes du Croisic, en Loire-Atlantique (France).

Déjà l’un des pionniers de la production d’hydrogène vert et renouvelable onshore à l’échelle industrielle, en France, la société nantaise Lhyfe vient de franchir une nouvelle étape : celle de devenir le premier producteur d’hydrogène propre offshore à l’échelle industrielle au niveau mondial. En effet, la société vient de produire, avec succès, ses premiers kilogrammes en mer, dans le cadre de son projet Sealhyfe. À cette occasion, Lhyfe et son p-dg, Matthieu Guesné, ont tenu à convier un groupe de journalistes pour une sortie en mer jusqu’au site en question.

Cette réussite intervient dans un contexte où l’Union européenne prévoit de produire 10 millions de tonnes d’hydrogène propre en Europe d’ici à 2030, ce qui représentera alors environ 42 % de sa consommation. Pour rappel, l’hydrogène de Lhyfe est produit à partir de l’électrolyse – fonctionnant à l’électricité renouvelable – de l’eau salée, qui subit des étapes de dessalement et de purification en amont. L’oxygène, qui est un coproduit de cette réaction, se voit relargué dans les océans, participant ainsi à leur réoxygénation.

Une première expérimentation avec Sealhyfe

« L’objectif du démonstrateur Sealhyfe est de montrer que l’on sait produire de l’hydrogène vert et renouvelable en mer », indique Thomas Créach, le directeur technique de Lhyfe. L’unité, construite sur moins de 200 m2, est dotée d’un électrolyseur PEM (membrane échangeuse de proton) d’une puissance de 1 MW fourni par l’américain Plug Power, dont la production peut atteindre 400 kg d’hydrogène propre par jour. Remorquée le 19 mai dernier vers le site d’essais en mer SEM-REV de Centrales Nantes, à 20 km des côtes du Croisic (Loire-Atlantique), l’unité est entrée en production, le 20 juin, alimentée en énergie renouvelable par une éolienne flottante de 2 MW.

À noter qu’avant sa mise en service en mer, l’unité a été testée à quai, sur le port de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), de septembre 2022 à mai 2023. Ces huit mois d’expérimentation ont permis de mener des optimisations nécessaires au niveau des équipements et de finaliser le développement des logiciels permettant le pilotage du site à distance, en complète autonomie, depuis le site de Lhyfe, à Nantes. Ces logiciels fonctionnant à l’intelligence artificielle (IA) sont un des savoir-faire propres à Lhyfe, qui dédie 5 % de ses effectifs à leur développement depuis 2019. « À ce niveau, on est aujourd’hui au-delà de l’état de l’art commercial », nous informe le p-dg de Lhyfe. En témoigne le site de production onshore à Bouin (Vendée), dont l’automatisation est quasi complète. Dans les mois qui viennent, Lhyfe compte poursuivre l’expérimentation Sealhyfe, afin de recueillir des informations sur la façon d’opérer en offshore, dans des conditions parfois extrêmes, avec des vagues pouvant atteindre 8 à 10 mètres de hauteur, notamment.

20 M€ pour monter en échelle

Et Lhyfe ne compte pas s’arrêter là. Le p-dg Matthieu Guesné a profité de cette sortie en mer pour faire une annonce supplémentaire : celle de la montée en échelle des activités de production offshore de la société, d’ici à 2026. En effet, celle-ci vient d’être sélectionnée par la Commission européenne pour son projet HOPE, qui recevra une subvention de 20 M€ dans le cadre de l’appel à propositions du Clean Hydrogen Partnership, cofondé et cofinancé par l’UE. Plus en détail, le projet HOPE (Hydrogen Offshore Production for Europe) – coordonné par Lhyfe et accompagné par huit partenaires européens – vise le développement, la construction et l’exploitation d’un site de production en mer du Nord, à 1 km du port d’Ostende, en Belgique. Avec une capacité estimée à dix fois celle de Sealhyfe – d’où la montée en échelle –, l’unité HOPE sera dotée d’un électrolyseur PEM d’une puissance de 10 MW, à nouveau fourni par Plug Power. Elle sera ainsi capable de produire 4 000 kg d’hydrogène vert par jour, qui seront ramenés à terre par pipeline, à destination des besoins de la mobilité et des petites industries de la Belgique, du nord de la France et du sud des Pays-Bas, dans un rayon de 300 km. De surcroît, le site se verra alimenté par une électricité fournie dans le cadre de contrats PPA (Power Purchase Agreement) qui garantiront son origine renouvelable. Enfin, ce projet apportera sa contribution à l’European Backbone, un projet de construction d’un réseau de canalisations d’hydrogène, qui couvrira toute une partie du territoire européen.

L’industrie chimique dans le viseur

À l’heure actuelle, « les capacités de production des sites de Lhyfe [Bouin, Sealhyfe, ou HOPE à venir] ne permettent pas de fournir les industriels de la chimie, dont la demande représente plusieurs centaines de MW d’électrolyseurs », explique Matthieu Guesné. Et en ce qui concerne l’offshore, « Lhyfe ne répondra pas à la demande des industriels de la chimie avant 2030 », complète-t-il. En revanche, deux projets onshore à horizon 2026-2028 ont été annoncés en 2022 pour répondre à la demande de l’industrie lourde. D’une part, Lhyfe prévoit de construire une usine de 55 tonnes d’hydrogène par jour (200 MW), à Delfzijl (province de Groningue, Pays-Bas), qui abrite un important cluster industriel chimique. D’autre part, une usine verra le jour, à Söderhamn (Suède), pour une capacité d’environ 240 t/j (600 MW). Dans les deux cas, les unités seront situées à proximité de parcs éoliens offshore qui alimenteront la production en électricité renouvelable.

Pour l’heure, Lhyfe est en discussion avec des industriels de la chimie, « principalement des producteurs d’ammoniac et de méthanol, qui représentent un tiers des émissions de GES du secteur », rappelle Matthieu Guesné. « Les contrats qui seront établis avec des clients de la chimie entre 2026 et 2028 dureront quinze ans. Il s’agira d’industriels européens, de France, d’Allemagne, de Belgique, des Pays-Bas ou encore de Suède ». ajoute-t-il. Au global, Lhyfe vise une production installée de 3 GW d’ici à 2030.

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