La jeune société Ipsophene veut installer une usine de paracétamol à Toulouse
La jeune société Ipsophene se propose de produire 3 000 t de paracétamol par an, à Toulouse. Il s'agirait du deuxième projet de réindustrialisation de ce principe actif sur le territoire français, après le projet du groupe Seqens, en voie d'achèvement.
La nouvelle est passée sous les radars de la grande presse, alors qu’en Occitanie, tout le monde en parle. La région s’apprête, en effet, à accueillir une deuxième unité de production française de paracétamol, à Toulouse, après celle du français Seqens, sur la plateforme de Roussillon, en Isère. Pour rappel, il n’y a plus de fabrication de cet analgésique sur le territoire européen depuis de longues années. L’essentiel de la production est réalisé en Asie, et, dans une moindre mesure, aux États-Unis.
À l’horizon 2024, nous dit la presse régionale, - mais cette date semble bien improbable au regard de toutes les contraintes réglementaires de l’industrie pharmaceutique, notamment -, la nouvelle unité pourrait produire 3 000 tonnes de principe actif par an, (là où Seqens vise les 10 000 t/an). Le projet serait accompagné de la création de 30 emplois. Si l’on ne connaît pas encore le montant de l’investissement, la presse relate que la région Occitanie apportera une aide financière de 4,2 millions d’euros au total, dont une prise de participation au capital de l’entreprise à hauteur de 1,2 million d’euros via son agence régionale des investissements stratégiques (Aris).
Un projet porté Edith Lecomte-Norrant, une experte de la chimie fine et des procédés industriels
Alors que Seqens est un acteur majeur de la chimie fine pharmaceutique et déjà une grand producteur de paracétamol en Asie, le projet toulousain est porté par une toute jeune entreprise, Ipsophene. Créée en 2022 et basée à Saint-Orens de Gameville (Haute-Garonne), elle est portée, depuis janvier 2023, par Jean Boher, un entrepreneur au profil 100 % financier. Derrière Ipsophene, il y a cependant une autre entreprise, Ipsomedic, fondée à Marseille en octobre 2019, par Edith Lecomte-Norrant. Or, la dirigeante est une femme d’expérience dans le domaine de la chimie fine et des procédés industriels. Docteur en génie chimique, elle a commencé sa carrière au CNRS, à l’Ensic de Nancy, puis chez Rhône-Poulenc à Lyon, pour travailler justement dans le domaine des procédés. Elle a ensuite rejoint Rhodia, à sa création en 1999, dans la branche Sciences de la vie, puis Pierre Fabre, en 2005, en tant que directrice industrielle, une responsabilité qu’elle occupera aussi chez UCB, dès 2007. Le projet d’Ipsomedic, s’inscrit dans la continuité puisqu’il vise à rendre le monde pharmaceutique plus durable, en retravaillant les procédés, et en introduisant notamment de la chimie en flux. « Nous optimisons les processus de fabrication de substances médicamenteuses pour qu'ils deviennent rentables, respectueux de l'environnement et sûrs. Notre objectif est de rentabiliser la fabrication de principes actifs pharmaceutiques de base dans tous les pays et de permettre notre indépendance pharmaceutique », peut-on lire à propos d’Ipsomedic sur Internet. On en déduit donc que c’est avec un procédé revisité et breveté, basé sur la chimie en continu (tout comme une partie de celui de Seqens), dont on ne connaît pas encore la matière pemière, qu’Ipsophene se propose de réindustrialiser de la production de paracétamol.
« Avec ce projet d’ampleur et 100 % souverain, nous accélérons la réindustrialisation de la production de médicaments en France. Ainsi, nous protégeons les Français des éventuels risques de pénuries et anticipons leurs besoins face à certaines maladies, tout en créant de l’emploi localement », a déclaré Carole Delga, la présidente de l’Occitanie, selon Actu.fr. Et c’est un nouveau succès dans ce domaine, pour La Région qui aurait récemment apporté un soutien financier de 6 millions d’euros au groupe allemand Evotec, pour l’implantation d’une usine à Toulouse, cette fois-ci, spécialisé dans la production d'actifs biologiques.