« St-Fons est le plus grand centre de recherche et d'innovation de Syensqo » (Jean-Francis Spindler)

Passé dans le giron de Syensqo, le site de St-Fons est devenu le premier centre de recherche et d'innovation du groupe. Spécialisé dans le domaine de la chimie organique, de la synthèse des polymères ou des procédés, il offre aujourd'hui de nombreuses possibilités de partenariats extérieurs, notamment via la plateforme Axel'One PMI, installée sur le site. Directeur de ce centre et président d'Axel'One, Jean-Francis Spindler revient sur les points forts de son établissement et les opportunités de collaboration.

Partager
« St-Fons est le plus grand centre de recherche et d'innovation de Syensqo » (Jean-Francis Spindler)
Jean-Francis Spindler, directeur du centre de recherche Syensqo à St-Fons et président d’AxelOne.

Info Chimie magazine : Directeur du centre de recherche et d'innovation de l'ancien groupe Solvay à Saint-Fons, en périphérie de Lyon, vous avez rejoint la partie Syensqo, dédiée à la chimie et aux matériaux de spécialité, à la suite de la scission du groupe. Qu'est-ce qui a changé pour vous et pour ce site de St-Fons ?

Jean-Francis Spindler : Je suis toujours le directeur du centre de recherche de Saint-Fons qui emploie 450 personnes. Mais nous sommes passés à 100 % Syensqo. C'est aujourd'hui le plus grand centre de R&I du groupe et il se développe. L'an dernier, nous avons embauché 43 personnes, l'année d'avant, 30 personnes. Cette année, malgré un environnement économique chahuté, nous envisageons une dizaine d'embauches. En plus des collaborateurs de Syensqo, cette plateforme de St-Fons accueille une centaine de personnes d'entreprises extérieures, comme Domo, Vencorex, Elkem et Adisseo. Enfin, une centaine de personnes travaillent dans le cadre de la plateforme Axel'One, avec des collaborateurs issus de Syensqo, de start-up ou de la recherche académique. C'est donc un site qui ne fait que de la R&D, avec de nombreux pilotes industriels en plus de ses installations de recherche. Il a la caractéristique de pouvoir proposer une importante mutualisation entre les différents acteurs industriels en présence.

Pour ce qui est activités de production de Syensqo dans la région, il reste un site situé à 4 ou 5 km du centre de recherche, toujours sur la commune de Saint-Fons. Il produit de la vanilline biosourcée, ainsi que des intermédiaires de la chaîne du phénol tels que l'hydroquinone ou le pyrocathécol.

L'établissement de St-Fons s'inscrit dans le nouveau réseau mondial de recherche de Syensqo. Quels sont ses points forts ?

J. -F. S. : L'un des points forts de St-Fons, c'est la chimie organique, une forte expertise dans la synthèse de polymères et des matériaux formulés, ainsi que dans le domaine des procédés pour l'industrialisation. St-Fons est le plus gros centre de recherche du groupe dédié aux procédés pour nos 62 usines dans le monde. Nous travaillons notamment sur la sécurité des procédés grâce à d'importants moyens expérimentaux et des outils entièrement automatisés que nous ouvrons d'ailleurs à des entreprises de la région.

Nous avons également un parc analytique important, et nous nous intéressons de plus en plus à l'automatisation, la simulation et à l'IA. Ces nouvelles technologies du digital pénètrent tous nos domaines d'expertise : chimie organique, science des polymères et des matériaux, analyse… Nous avons également une grande expertise dans les ACV et l'écoconception. Chaque année, une centaine de projets sont passés au crible. S'ils ne sont pas considérés comme durables, ils sont immédiatement arrêtés. Par exemple, la présence d'un solvant CMR dans une étape d'un procédé peut suffire à arrêter un projet, si l'on n'arrive pas à remplacer ce solvant par un autre solvant plus inoffensif.

Syensqo communique souvent sur ses plateformes de croissance qui monopolisent d'importants moyens de recherche. À St-Fons, êtes-vous associés à une ou plusieurs de ses plateformes ?

J. -F. S. : Chez Syensqo, les plateformes de croissance ont pour mission de faire croître et d'accélérer nos capacités d'innovation. Elles sont au nombre de quatre - les batteries, l'hydrogène vert, les composites thermoplastiques ainsi que les matériaux renouvelables et la biotechnologie - et nous leur consacrons d'importants moyens en matière de business, d'innovation, de marketing et de contacts clients. À Saint-Fons, nous collaborons surtout avec trois de ces plateformes. Au niveau de notre plateforme batteries, nous travaillons notamment sur des sujets autour des électrolytes, des additifs, des solvants et des membranes, pour les batteries lithium-ion actuelles, ainsi que sur les batteries de deuxième et troisième générations qui verront le jour dans dix à quinze ans et qui seront totalement différentes de celles que nous connaissons. C'est un marché qui se développe très vite, tiré par les problématiques d'électrification dans les transports. Au niveau de notre plateforme hydrogène, il y a énormément de sujets autour des matériaux. Nous travaillons, par exemple, au niveau des électrolyseurs, avec de nouvelles membranes, ou sur les batteries de haute puissance pour le stockage d'énergies renouvelables et également sur les fuel cells et les matériaux composites pour le stockage de l'hydrogène.

Il semble que le domaine des matériaux soit en train de prendre une nouvelle dimension…

J. -F. S. : On est en train de réinventer les matériaux et, pour cela, on fait beaucoup de chimie sur les polymères par coextrusion réactive, par exemple. Notamment des choses qui n'ont jamais été faites auparavant. Et l'on peut s'y prendre de différentes façons. On peut synthétiser de nouveaux monomères, imaginer toutes sortes de copolymères différents, ou encore modifier des polymères existants par greffage, ce qui est peut-être le plus nouveau. Et une fois que l'on a produit quelques grammes en laboratoire, des échantillons sont produits pour nos clients à l'échelle de la dizaine de kilogrammes, voire de la centaine de kilogrammes, dans nos installations pilotes.

Quelle est la troisième plateforme de croissance avec laquelle vous collaborez à St-Fons ?

J. -F. S. : Les moyens mis en œuvre autour de la plateforme composites thermoplastiques se situent plutôt à Bruxelles. Dans les avions notamment, on utilise beaucoup de composites thermodurs, essentiellement en Angleterre et aux États-Unis. Chez Syensqo, nous travaillons aussi sur des composites thermoplastiques, car ils sont plus faciles à recycler. C'est un sujet qui se développe beaucoup dans l'aéronautique, mais aussi dans l'automobile et pour de plus petits équipements.

À quand remonte ce déclic ?

J. -F. S. : Entre les pairs de la vallée de la chimie, nous travaillons tous les uns pour les autres. Par exemple, Syensqo a des projets avec de nombreuses entreprises de la vallée de la chimie. Il y a tout un écosystème qui s'est mis en place et les directeurs de recherche de nos différents groupes se réunissent tous les quatre mois. C'était un des grands maux de l'industrie française que d'avoir trop longtemps travaillé en vase clos. Il nous a fallu la création des pôles de compétitivité pour découvrir l'intérêt de s'ouvrir aux autres. En Rhône-Alpes, c'est Axelera, puis Axel'One, qui ont été les catalyseurs de ce changement. Aujourd'hui, les trois plateformes Axel'One à St-Fons, Solaize sur le site de l'Ifpen et à La Doua sont saturées. Nous avons décidé d'y investir plus de 30 millions d'euros supplémentaires. À St-Fons, un nouveau hall matériau et des laboratoires vont être ajoutés aux installations existantes. Le site de Solaize va développer ses capacités d'analyse en ligne, la catalyse et les procédés. Tous ces investissements seront très orientés process. Axel'One a commencé ses activités en 2011, avec un salarié. Aujourd'hui, la plateforme emploie une trentaine de personnes. C'est un véritable succès.

LES CHIFFRES CLÉS DE SYENSQO

- +13 000 collaborateurs

- 15 % des effectifs dédiés à la R&I

- 62 sites industriels

- 12 sites de R&I majeurs

- 6,8 Mrds € de chiffre d'affaires en 2023

 

RECYCLAGE CHIMIQUE DU PLASTIQUE

Syensqo partie prenante du projet PROPRE en Auvergne-Rhône-Alpes

Les laboratoires académiques CP2M, IMP, Mateis, ICBMS et leurs tutelles CNRS, UCBL, UJMSE, Insa, CPE, les fédérations ICL, IngéLySE, l'organisme de recherche IFPEN et la plateforme Axel'One sont réunis autour du projet PROPRE qui a pour but de construire une nouvelle filière de recyclage chimique du plastique en région Auvergne-Rhône-Alpes. 9,5 M€ du programme CPER (Contrat Plan État Région) sont alloués à ce projet, finançant des outils de recherche fondamentale et de changement d'échelle, ainsi que de l'immobilier, permettant de mutualiser des technologies clés, de la recherche à la préindustrialisation de lignes de production.

L' enjeu du projet «PROPRE» (PROgramme pour le développement des Plastiques Recyclés par voie(s) chimique(s)) est de construire le socle scientifique et technologique pour une filière complète dédiée au recyclage chimique à boucle courte, allant de la recherche fondamentale, à l'échelle laboratoire, jusqu'à la préindustrialisation de ligne de production, à l'échelle pilote.

Le projet PROPRE est financé par l'État, la Région Auvergne-Rhône-Alpes et la Métropole de Lyon dans le cadre du CPER et soutenu par le LPSE*, les pôles de compétitivité Axelera, Polymeris et Techtera, ainsi que par l'éco-organisme Citeo.

Cet investissement permettra de générer un flux important de projets de recherche dans la région, avec des réalisations industrielles à la clef, à l'image de ce qui a été fait dans le cadre du projet Sysprod du précédent CPER sur les périmètres Catalyse Industrielle et Matériaux Polymères.

*Lyon Polymer Science and Engineering est un consortium de recherche regroupant des industriels, grands groupes, PME, EPIC et association (Arkema, Elkem, Syensqo, Nexans, Toray, SNF Floerger, Michelin, Hutchinson, Addiplast, Gerflor, Serge Ferrari, Kem One, Processium, Activation, IFPEN et Axel'One) et trois laboratoires de recherche (IMP, CP2M, Mateis).

 

SUR LE MÊME SUJET

Sujets associés

NEWSLETTER Chimie

Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.

Votre demande d’inscription a bien été prise en compte.

Votre email est traité par notre titre de presse qui selon le titre appartient, à une des sociétés suivantes...

Votre email est traité par notre titre de presse qui selon le titre appartient, à une des sociétés suivantes du : Groupe Moniteur Nanterre B 403 080 823, IPD Nanterre 490 727 633, Groupe Industrie Service Info (GISI) Nanterre 442 233 417. Cette société ou toutes sociétés du Groupe Infopro Digital pourront l'utiliser afin de vous proposer pour leur compte ou celui de leurs clients, des produits et/ou services utiles à vos activités professionnelles. Pour exercer vos droits, vous y opposer ou pour en savoir plus : Charte des données personnelles.

LES ÉVÉNEMENTS L'USINE NOUVELLE

Tous les événements

LES PODCASTS

Ingénieur, un métier au coeur de la souveraineté

Ingénieur, un métier au coeur de la souveraineté

Dans ce nouveau podcast de La Fabrique, nous recevons Anne-Sophie Bellaiche, rédactrice en chef de L'Usine Nouvelle et du Guide de l'ingénieur. Comme son nom l'indique, cette publication annuelle s'intéresse aux différentes...

Écouter cet épisode

L'inventrice du premier lave-vaisselle

L'inventrice du premier lave-vaisselle

L’épouse d’un bourgeois de l’Illinois décide de prendre les choses en main et d’inventer elle-même l’outil dont les femmes ont besoin.

Écouter cet épisode

Qui recrute dans l'industrie en 2024 ?

Qui recrute dans l'industrie en 2024 ?

[Podcast] Dans ce nouvel épisode de La Fabrique, Cécile Maillard, rédactrice en chef adjointe de L'Usine Nouvelle, revient sur l'enquête annuelle consacrée au recrutement dans l'industrie. La cuvée 2024 s'annonce...

Écouter cet épisode

L'étrange disparition d'un Airbus en Chine

L'étrange disparition d'un Airbus en Chine

[Podcast] Dans ce nouvel épisode de La Fabrique, Olivier James, grand reporter suivant le secteur aéronautique à L'Usine Nouvelle, revient sur une bien étrange affaire. Un avion fabriqué par Airbus et livré à la Chine a...

Écouter cet épisode

Tous les podcasts

LES SERVICES DE L'USINE NOUVELLE

Trouvez les entreprises industrielles qui recrutent des talents

ORLEANS METROPOLE

CHEF DE PROJETS AMÉNAGEMENTS URBAINS H/F

ORLEANS METROPOLE - 27/03/2024 - Titulaire - Loiret

+ 550 offres d’emploi

Tout voir
Proposé par

Accédez à tous les appels d’offres et détectez vos opportunités d’affaires

14 - ONF

Travaux de création ou réfection de route forestière

DATE DE REPONSE 13/06/2024

+ de 10.000 avis par jour

Tout voir
Proposé par

ARTICLES LES PLUS LUS

SOUTENEZ UN JOURNALISME D'EXPERTISE ET ABONNEZ-VOUS DÈS MAINTENANT À INFO CHIMIE

Rejoignez la communauté des décideurs de l’industrie chimique et profitez d'informations et données clés sur votre secteur.

Découvrez nos offres