[Vidéo] Seqens dévoile les atouts de son site de Porcheville

La CDMO Seqens a organisé en octobre dernier sa première journée portes ouvertes au sein du Centre d’excellence Seqens’Lab, à Porcheville, dans les Yvelines. Une journée qui visait à présenter les activités du groupe et ses offres de services en particulier à ses clients biotechs, afin d’accélérer la mise sur le marché de leurs médicaments.

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[Vidéo] Seqens dévoile les atouts de son site de Porcheville
Jean-Yves Lenoir, chef de projet R&D, devant la plateforme d’hydrogénation.

Biomnigene, Rondol, GenEvolutioN, de nombreux partenaires et clients étaient présents à Porcheville, dans les Yvelines, ce jeudi 13 octobre 2022 pour découvrir le Seqens’Lab de la CDMO Seqens. Un centre d’excellence inauguré en 2019, qui constitue un écosystème unique pour accélérer des projets. « La science est au cœur de la stratégie de Seqens pour accompagner au mieux le développement des principes actifs de nos clients », a rappelé le directeur R&D Christophe Eychenne-Baron. Le groupe compte 300 scientifiques dans le monde, dont 150 docteurs. Sa force est aussi de regrouper sur un même site un ensemble complet d’expertises sur toute la chaîne de valeur : « On a une intégration au niveau de notre offre qui permet d’accélérer la prise en charge des projets pour améliorer la qualité, la sécurité et l’empreinte environnementale de la production », a appuyé Gautier Decock, directeur de Seqens’Lab.

 

Une offre complète et intégrée

En visitant le site, on passe du laboratoire de sécurité des procédés (pour l’étude de la stabilité et de la sécurité des procédés) à la synthèse chimique, en passant par le laboratoire d’analyse, puis le laboratoire solid-state, qui travaille sur la biodisponibilité des molécules. On finit par la montée en échelle au niveau du pilote, avant le stade industriel.

Au sein du même site donc, Seqens développe et optimise des voies de synthèse d’intermédiaires ou de principes actifs pour ses clients dans le monde, et répond à des problématiques de manière flexible et personnalisée, c’est ce qui est appelé la custom organization. Par exemple, le groupe propose une offre analytique autour de la caractérisation d’impuretés, des études toxicologiques, ou encore des études de stabilité de produits. Seqens peut aller jusqu’à accompagner ses clients « depuis le début de la vie de la molécule jusqu’au-delà de sa mise sur le marché », poursuit Gautier Decock. 

Les principes actifs des médicaments actuellement mis sur le marché sont pour les deux tiers des molécules de synthèse. Leur taille et leur complexité vont en augmentant depuis ces trente dernières années. Le nombre de centres stéréogènes augmente aussi, ce qui impacte leur géométrie spatiale, et leur solubilité. Cela induit des défis scientifiques et technologiques : optimiser des synthèses multi-étapes souvent longues, avec des étapes délicates à assurer d’un point de vue de la sécurité, et rendre des molécules peu solubles biodisponibles. Pour répondre à ces défis, plusieurs expertises, qui différencient Seqens sur le marché, nous sont présentées au cours de la visite, dont la chimie en flux (flow chemistry), la multicatalyse et l’amélioration de la biodisponibilité. 

 

La chimie en flux pour aider à la relocalisation

Certaines synthèses de principes actifs nécessitent des réactions à risque : elles peuvent utiliser des réactifs dangereux comme l’acide nitrique ou l’acide fluorhydrique, elles peuvent être exothermiques, ou encore générer des produits instables. Pour ces raisons, il était difficile de les mettre en œuvre dans des conditions environnementales et de sécurité conformes aux réglementations en Europe, ce qui a conduit à leur délocalisation, principalement en Asie. La crise de Covid-19 a mis en évidence la fragilité de notre chaîne d’approvisionnement en médicaments (notamment de l’acide salicylique ou du paracétamol), dont des médicaments qui étaient en cours d’essais cliniques pour le traitement du Covid-19 et qui nécessitaient des réactions exothermiques.

Ce besoin pressant de relocaliser la chimie en France a conduit à la mise en place rapide de la chimie en flux sur le site de Seqens’Lab. Mais cela n’a pas émergé du jour au lendemain, puisque ses équipes menaient, depuis des années, des recherches sur les procédés en continu. Conduite dans des tuyaux en carbure de silicium, avec de petits volumes de réaction, un ajout progressif des réactifs et un contrôle de la température, cette chimie réduit les risques d’accidents et présente même de meilleures efficacités et sélectivités que des procédés discontinus classiques. Aujourd’hui, Seqens’Lab est équipé de plusieurs technologies de réaction en flux au laboratoire ainsi qu’à l’usine pilote (Chemtrix Protrix et Vapourtec). Elles permettent de conduire en continu des réactions difficiles, comme la nitration, les halogénations ou encore l’hydrogénation. Ce nouvel outil flexible permettra d’augmenter la robustesse des procédés, d’accélérer les étapes de mise à l’échelle et d’industrialisation, et d’envisager le rapatriement massif en Europe de certaines réactions.

 

Une expertise en matière de biodisponibilité

Enfin, ce qui est flagrant, quand on visite le laboratoire Solid state, est l’expertise avancée Seqens’Lab sur les enjeux de biodisponibilité. Avec un panel très large d’appareils d’analyse (diffraction des rayons X haute résolution XRPD pour l’analyse des formes cristallines/amorphes, analyse des polymorphes), le laboratoire est en mesure d’améliorer la disponibilité des médicaments, par voie orale ou par injection, selon deux stratégies principales. La première consiste à travailler sur le principe actif pour améliorer sa solubilité, sa forme cristalline et sa perméabilité à travers la paroi intestinale. L’autre voie de recherche est la thérapie ciblée consistant à encapsuler les principes actifs dans des excipients pour faire de la vectorisation et un relargage contrôlé du principe actif vers les cibles. Par exemple, le groupe développe avec ses clients des lipides et polymères pour enrober des brins d’ARN dans des vaccins : un système d’encapsulation permet de protéger l’ARN durant son parcours vers la cellule, jusqu’à son entrée dans le cytoplasme, où il sera traduit en protéine. Il peut s’agir aussi de réaliser une action ciblée d’un anticancéreux sur des cellules cancéreuses, sans toucher aux cellules saines. Cela permet de diminuer les concentrations en principe actif et donc de diminuer les effets indésirables.

Le rôle de Seqens est d’accompagner les entreprises pour qu’elles puissent réaliser des formulations avec des excipients à la fois économiquement acceptables, avec des procédés robustes et sécurisés, quitte à internaliser la production de matière première pour dérisquer la chaîne d’approvisionnement, insiste Frédéric Schab, directeur de l’unité Drug Delivery Solutions. Avant d’ajouter : « On développe des ingrédients à façon, on est capable d’accéder à de très hauts niveaux de spécialisation ». Il s’agit aussi de caractériser toutes les impuretés, ainsi que les risques toxicologiques, pour assurer que ce qu’on développe est sécurisé, que la qualité du produit est constante, appuie-t-il. « On doit mettre à disposition du client les capacités qui lui permettent de passer toutes les phases cliniques (d’abord sur quelques grammes, puis quelques centaines de grammes en clinique, avant de passer à plusieurs centaines de kilos ou tonnes). C’est vraiment dans la conception de procédés robustes que Seqens innove ».

 

Cette journée portes ouvertes aura permis de mettre en lumière les nouvelle technologies sur lesquelles Seqens a massivement investi. Une occasion de comprendre comment des différents métiers de la chaîne valeur peuvent communiquer plus efficacement en étant présents sur un même site. Du côté des partenaires, beaucoup d’enthousiasme s’est ressenti pendant les conférences et pendant les visites du site. Francois Macarez, responsable du développement commercial, en est convaincu : « Il est rassurant pour les clients de se lancer sur des projets à long terme avec Seqens, qui affiche un chiffre d’affaires de 1,3 milliard d’euros et dispose de vingt-quatre sites de production dont la moitié est en GMP ». De belles collaborations sont nées et perdurent, derrière lesquelles, en discutant avec des scientifiques de Seqens et des dirigeants de biotechs, on a pu découvrir de belles aventures humaines autour de l’innovation.

 
 

Interview de Géraldine Masson (directrice de recherche CNRS à l’Institut de Chimie des Substances naturelles) et de Gérard Guillamot (directeur scientifique de Seqens)

Propos recueillis par Minh-Thu Dinh-Audouin

InfoChimie magazine : Comment est né le Labcom HitCat ?

Géraldine Masson : L’origine du projet est née d’un double constat : d’une part, les défis synthétiques auxquels doit faire face Seqens, dus à la complexification structurelle des principes actifs pharmaceutiques et aux demandes croissantes en matière de respect de l’environnement, imposent un perfectionnement perpétuel des méthodes et outils de synthèse pour rester compétitifs sur le marché hautement concurrentiel des CDMO. D’autre part, les chercheurs, chimistes universitaires, doivent faire preuve d’innovation constante pour mettre à disposition de nouveaux outils synthétiques efficaces, innovants, respectueux de l’environnement et à partir de ressources disponibles et ainsi bénéficier de la reconnaissance par leurs pairs et exister dans une concurrence internationale toujours plus grande et disposer ainsi de financements a minima pour conduire des thèmes de recherches intéressants. 

Pour tenter de répondre à ces enjeux convergents, nous avons proposé de mettre en place une structure commune réunissant des chercheurs CNRS (équipe de Géraldine Masson) et des chercheurs de Seqens afin de créer un consortium s’exprimant dans des domaines d’expertises complémentaires, avec une vision résolument innovante de la science. Cette structure, créée officiellement en 2021, a pour objet et objectifs d’explorer et de développer des synthèses innovantes, notamment de nouveaux génériques, en utilisant des combinaisons de techniques focalisées sur la découverte de nouvelles stratégies dans le domaine de la catalyse. Le but recherché consiste ainsi à nourrir l’avancement de connaissances fondamentales tout en développant des solutions industrialisables à terme.

 

Pouvez-vous décrire le laboratoire et son fonctionnement ?

Gérard Guillamot : Nous pilotons tous les deux le programme scientifique de HitCat. Au niveau des forces vives, la structure rassemble en son sein deux chercheurs issus de Seqens, deux chercheurs issus du CNRS, ainsi que deux doctorants et deux postdoctorants. Auxquels s’ajoutent divers supports administratifs et techniques en lien avec l’entreprise, qui interviennent ponctuellement. Le laboratoire commun est hébergé physiquement dans les locaux du Seqens’Lab, à Porcheville, et est exclusivement financé (hors salaire des personnels CNRS) par l’entreprise. Le laboratoire bénéficie également d’interactions étroites, d’une part avec la direction de l’entreprise, située à Lyon – et notamment de la direction Innovation pilotée par Julien Boutet –, et d’autre part avec l’écosystème du centre de recherche de Porcheville, et le support des responsables de ce centre, que ce soit le directeur R&D de Seqens, Christophe Eychenne-Baron, ou le responsable du site en charge du Seqens’Lab, Gautier Decock. Des interactions importantes et fortes se déploient dans ce contexte avec les quelque 40 doctorants présents sur site, et d’autre part, avec les expertises importantes disponibles dans le périmètre Seqens, comme, par exemple, celle de Proteus dans les systèmes enzymatiques de dernière génération.

 

Parlez-nous de la multicatalyse, que vous développez

G.M. : La catalyse constitue indiscutablement un outil important en synthèse organique dont les bénéfices, conditions plus douces, meilleures sélectivité et spécificité, sont largement étudiés et exploités, y compris au niveau industriel. Il est difficile de dater le concept de multicatalyse, qui prend de l’essor depuis une vingtaine d’années, puisqu’il s’agit « simplement » de combiner des étapes et/ou méthodes catalytiques, habituellement effectuées de façon unitaire, distincte et successive, en une unique étape. Bien que conceptuellement simple, l’utilisation de la multicatalyse comme alternative à la synthèse (catalytique) classique est un défi de taille : en effet, elle requiert l’utilisation de catalyseurs mutuellement compatibles et sélectifs vis-à-vis de réactifs communs, et agissant de concert mais dans un ordre bien défini. En réduisant le nombre d’étapes, l’approche minimise clairement les étapes de purification (réduisant ainsi le coût et l’impact écologique), mais ne se limite pas à cela. En effet, il est également possible d’envisager, via la multicatalyse, des réactions qui ne sont habituellement pas réalisables techniquement avec les méthodes actuelles, et a fortiori, pas transposables industriellement. Des espèces instables (en particulier thermodynamiquement) peuvent ainsi être générées par un catalyseur, et servir de précurseurs dans un second cycle catalytique. Le développement de la multicatalyse va ainsi permettre de proposer de nouvelles déconnections et des voies de synthèse alternatives à partir de précurseurs plus accessibles et ayant une contribution économique plus faible dans le prix de revient des molécules ciblées. L’exploration de la multicatalyse est cependant un problème multifactoriel complexe. Notamment, la mise au point et l’optimisation de méthodes qui nécessitent des outils automatisés permettant de sélectionner rapidement les catalyseurs et les conditions de réaction. Il s’agit en effet de rechercher les paramètres opératoires délivrant une synthèse optimale (pureté/rendement/ productivité), tout en réduisant sensiblement le temps de développement. Cet objectif est l’un des leitmotivs du Labcom et constitue, de manière cruciale, l’un des points centraux dans le déploiement du Laboratoire HitCat sur les prochaines années.

 

Quels sont vos futurs projets ?

G.G. : Le laboratoire commun est établi pour quatre ans, mais peut être reconduit (sans limite), sous réserve d’accord entre les deux parties. Il a été choisi de conserver une taille humaine à ce projet afin de faciliter les interactions, de faire facilement circuler les idées. L’effort financier est actuellement quasiment exclusivement consenti par Seqens. À terme, l’ambition sera de développer un centre international de multicatalyse pour la synthèse d’APIs.


 
 
 
 
 

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