Chacun devrait être orienté selon ses talents
Les causes de ce phénomène, qui touche la plupart des pays occidentaux, ont été recherchées. La diffusion de la culture scientifique et technique est-elle déficiente ? Ces filières demandent-elles trop d'investissement pour un résultat insuffisant en terme de revenus et de sécurité de l'emploi ? L'image de la science est-elle celle de l'appât du gain au détriment de l'éthique associée au développement durable ? Les responsabilités sont-elles trop fortes ? Les échecs trop visibles ? Les parents ont-ils souffert des fausses promesses des systèmes industriels ?
Il n'y a pas de certitudes, mais au-delà du travail sur les causes, il semble impératif d'attirer les filles et les bacheliers technologiques vers nos métiers.
Car 54 % des lycéens sont en effet des lycéennes, 40 % des élèves de terminales scientifiques sont des filles. Idem pour 43 % des candidats au bac S. Cependant, les jeunes filles ne sont plus que 23 % en classes préparatoires scientifiques et représentent moins d'un élève sur six en première année de certaines écoles d'ingénieurs.
Par ailleurs, les formations conduisant aux baccalauréats sciences et technologies sont conçues pour déboucher sur une entrée dans la vie active après des études supérieures courtes. Souvent issus de milieux modestes, les élèves de ces filières, quelles que soient leurs qualités, sont rarement incités à s'orienter vers des études supérieures longues.
Pour que chacun soit orienté selon ses talents et non selon son sexe ou son milieu social, et pour équilibrer la présence d'hommes et de femmes dans tous les secteurs du travail, ce qui est porteur d'innovation, c'est en amont, dès la fin du collège, qu'il faut convaincre, parents et enfants, que s'offrent, dans les filières scientifiques et techniques, des opportunités garantissant un métier stable et une reconnaissance sociale conséquente.
Cela suppose un travail d'analyse et d'éra-dication des stéréotypes véhiculés incons-ciemment. Cela suppose aussi que de jeunes techniciens et ingénieurs montrent aux collégiens, directement dans les classes, la jubilation que l'on éprouve au travers d'un métier valorisant et qui participe au progrès social.
Christian Margaria, directeur de Telecom INT et président de la Conférence des grandes écoles