[Édito] Le vapocraquage, un procédé menacé sur le territoire français

Le groupe américain ExxonMobil vient d'annoncer la fermeture de son vapocraqueur de Notre-Dame de Gravenchon, en Seine-Maritime. Au terme de l'opération, il ne restera plus que cinq installations de ce type sur le sol français, alors qu'elles sont indispensables pour produire de l'éthylène, brique de base pour toute l'industrie chimique.

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[Édito] Le vapocraquage, un procédé menacé sur le territoire français
La pétrochimie va disparaître à Notre-Dame de Gravenchon.

C'est un véritable coup de tonnerre qui s'est abattu sur la pétrochimie en France, le 11 avril dernier. Le géant américain ExxonMobil a annoncé la fermeture de son vapocraqueur, à Notre-Dame de Gravenchon (Seine-Maritime). Une installation qui avait une capacité de 425 000 tonnes d'éthylène par an, en 2021, selon les données de l'association Petrochemicals Europe. Plusieurs unités de pétrochimie en aval sont également touchées. Elles sont connues pour produire notamment du polyéthylène, du polypropylène, des adhésifs et des additifs pour lubrifiants.

Au total, l'opération devrait entraîner la suppression de 677 emplois d'ici à 2025, alors que le groupe évoque une perte de 300 millions d'euros en 2023. "Malgré notre longue histoire industrielle, nous ne pouvons pas continuer à fonctionner avec de telles pertes", a déclaré Charles Amyot, président d'ExxonMobil en France, pour justifier l'abandon de son plus important site pétrochimique en Europe. Au passage, on s'interroge sur l'avenir de l'unité adjacente de Plastic Energy, qui devait convertir annuellement 25 000 tonnes de plastiques usagés en huile de pyrolyse, pour alimenter le craqueur et abaisser son empreinte carbone. Même interrogation pour le projet de captage et stockage de CO2 avec Air Liquide, Borealis, TotalEnergies et Yara pour décarboner le bassin industriel normand.

Plus que cinq vapocraqueurs sur le territoire français

Dans tous les cas, au terme de l'opération, il ne restera plus que cinq vapocraqueurs sur le territoire français. Le plus important, d'une capacité de 720 Kt/an, se situe à 900 km plus au sud, à Lavéra, dans les Bouches-du-Rhône. Et son sort est nettement plus enviable que celui de Gravenchon. Le 1er avril, il est passé à 100 % dans le giron d'Ineos. À cette occasion, et contrairement à la stratégie d'ExxonMobil, le groupe britannique a réaffirmé sa volonté de miser sur la pétrochimie en Europe – notamment à Lavéra -, malgré les conditions économiques difficiles. La situation est différente, puisque le craqueur occitan est l'un des plus gros d'Europe du Sud. Il faut toutefois garder à l'esprit qu'il est loin des standards des nouvelles installations. À Anvers, par exemple, où Ineos ambitionne d'installer le premier vapocraqueur européen depuis plus de vingt ans, la capacité d'éthylène est annoncée à 1,45 M t/an, soit le double.

Chimie amont et aval vont de pair

Après Lavéra, viennent ensuite, par ordre de taille, les vapocraqueurs de TotalEnergies, à Gonfreville (525 Kt/an, Seine-Maritime), de LyondellBasell, à Berre (470 Kt/an, Bouches-du-Rhône) et de Versalis, à Dunkerque (380 Kt/an, Nord). Avec sa toute petite capacité de production d'éthylène de 250 Kt/an, l'installation TotalEnergies à Feyzin ferme la marche. Cela fait longtemps que des rumeurs de fermeture circulent, compte tenu de sa dimension et de son implantation en milieu urbain, au cœur de la vallée de la chimie, en sortie de Lyon. Visiblement, l'installation tient encore le choc. Et c'est heureux car chimie amont et aval vont de pair. "On a pour habitude de dire qu'il ne peut pas y avoir de chimie forte en France, sans une chimie de base, elle aussi solidement implantée sur le territoire. Tout cela est très imbriqué, les destins sont partagés", nous a récemment rappelé Magali Smets, directrice générale de France Chimie.

Pour ExxonMobil, le grand ménage ne s'arrête pas là. Sa filiale Esso France a, de son côté, un projet de cession de sa raffinerie de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), ainsi que celle des dépôts Esso de Toulouse (Haute-Garonne) et Villette-de-Vienne (Isère) à la société Rhône Energies. Les 310 salariés travaillant sur les sites concernés seraient transférés à ce consortium composé du géant suisse du négoce Trafigura et de l'opérateur de raffinerie Entara.

 

 

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