Un partenariat entre le belge Futerro et la coopérative agricole Tereos pour produire du bioplastique en Normandie
L'entreprise belge Futerro, leader européen des polymères biosourcés, annonce un partenariat avec la coopérative agricole Tereos. L'objectif : la création d'une usine en Normandie destinée à la production de bioplastique. L'investissement est estimé à 530 millions d'euros.
La Normandie n'a pas de pétrole mais elle a des céréales, et elle a bien l'intention d'en faire du plastique. Tel est, en substance, le propos de Frédéric Van Gansberghe, PDG de l'entreprise Futerro, spécialisée dans la production de plastiques biosourcés (150 millions d'euros de chiffre d'affaires). La société belge, leader dans la fabrication de biopolymères (avec une unité de fabrication active en Chine), a confirmé le 11 avril la création d'une usine à Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime), en partenariat avec la coopérative agricole Tereos.
La future usine de Port-Jérôme-sur-Seine, dont la construction débutera en 2025 pour mise en route prévue en 2027, fera l'objet d'un investissement de 500 millions d'euros de Futerro et de 30 millions d'euros de Tereos. Sa capacité de production annuelle est estimée à 75 000 tonnes d'acide polylactique (PLA), un polymère produit à partir de dextrose.Tereos fournira chaque année 150 000 tonnes de dextrose issu d’amidon de blé, produites directement sur son site de Lillebonne (où travaillent 175 personnes), acheminé par pipeline (les sites étant voisins). Les deux partenaires promettent "une valorisation maximale de tous les co-produits" dans le cadre de ce projet.
Le choix de cette partie de la Normandie pour installer la bioraffinerie est loin d'être anodin. «Ce secteur est particulièrement riche en industries pétrochimiques», note Frédéric Van Gansberghe. «Nous savons donc que nous y trouverons toutes les compétences nécessaires».
250 emplois directs seront créés à terme sur ce site, dont des ingénieurs, techniciens et opérateurs ayant une expérience dans la pétrochimie, mais également des personnes spécifiquement formées en biologie et en microbiologie pour l'étape de la fermentation.
Des technologies de recyclage existantes, mais des filières à créer
Sur le site de Port-Jérôme-sur-Seine, trois unités verront le jour : une unité de fermentation, qui transformera le glucose issu de l'amidon de blé en acide lactique ; une unité de polymérisation, d'où sortira le PLA ; une unité de recyclage chimique enfin, qui cassera les molécules d'acide polylactique pour produire à nouveau de l'acide lactique. Le recyclage du polymère constitue, de fait, l'argument fort de cette nouvelle installation. «L'avantage du PLA», explique le dirigeant de Futerro, «c'est que nous avons une technologie qui casse le polymère pour revenir à l'acide lactique.» L'entreprise entend ainsi produire un polymère possédant les mêmes propriétés qu'avant recyclage. Frédéric Van Gansberghe reconnaît néanmoins que, concernant le recyclage, «toutes les filières doivent être créées».
Ce partenariat s'inscrit dans un conexte de réorganisation pour Tereos. Il y a un an le sucrier français annonçait la fermeture de deux de ses sites, dans le cadre d'une vaste réorganisation industrielle. Le recentrage se poursuit. Le dirigeant de Tereos voit dans cet accord un débouché important pour les agriculteurs de la coopérative. L'essentiel des matières premières sera en effet cultivé en Normandie et en région parisienne. «Il y a eu ces dernières années une prise de conscience des industriel, et des acteurs de premières transformation comme nous», affirme Olivier Leducq, directeur général de Tereos, à L'Usine Nouvelle. «Nous sommes face à une obligation de décarbonation. Vis-à-vis d'industries qui ont besoin de passer d'une base hydrocarbures à une base biosourcée, nous voulons être porteurs de solutions.»