De l'industriel japonais à l'ours slovène
Décidément, il se passe des choses bizarres dans les Pyrénées. Il y a quelques semaines, un député faisait une grève de la faim - 39 jours tout de même. Pour protester contre le transfert d'une usine de 65 km, en grande partie décidé pour des raisons de sécurité et d'environnement. L'affaire a occupé jusqu'au sommet de l'Etat (ou de ce qu'il en reste) sans compter l'argent public promis pour financer le coûteux maintien de cette usine, filiale d'une société dirigée au Japon par un amoureux éconduit de la France. Maintenant, le député Jean Lasalle est furieux contre les conditions de réintroduction des ours Paloma et Franska dans les Pyrénées. Une autre affaire d'Etat, qui mobilise des centaines de gendarmes et permet aux Français de connaître leur ministre de l'Environnement. Paloma et Franska ne sont pas des ours japonais mais slovènes. Ils sont réintroduits dans le cadre d'un programme de l'Union européenne, en Italie, en Espagne et en France, où le but est de soutenir le tourisme et le développement économique. On se ridiculise au Japon parce qu'on refuse un déplacement d'usine. Mais on veut stimuler l'activité économique avec des ours importés sous haute protection. La réintroduction des ours est un enjeu de la plus haute importance. Elle est destinée, selon le fondateur de la chaire d'écologie de Jussieu, « à prouver que notre espèce est capable de cohabiter avec d'autres ». On a voulu bouter le plombier polonais hors de France par le vote « non » au référendum européen. Les banlieues se déchiraient à l'automne. On vote une loi pour limiter l'immigration. Mais les ours slovènes doivent prouver que notre espèce est capable de cohabiter avec d'autres. Il y a toujours des Pyrénées ! Par Olivier Jay, rédacteur en chef