Tout le dossier Tout le dossier
-
Chimie
Les PFAS, ces molécules néfastes omniprésentes dans l'industrie
-
Environnement
Comment Veolia et Suez détectent les PFAS dans l'eau potable pour mieux les éliminer
-
Transition écologique et énergétique
A Lyon, Arkema et Daikin poursuivis pour leur production de PFAS
-
Pesticides
Les ONG Générations futures et Pesticide Action Network alarment sur la présence de PFAS dans les pesticides
-
L'instant Tech
[L'instant tech] Valgo trouve une solution pour extraire les polluants éternels PFAS dans l'eau
-
Chimie de spécialités
Les PFAS des mousses anti-incendies dans le collimateur des Etats-Unis et de l’UE
-
Chimie
Ce que l'on sait de la pollution aux PFAS, des molécules toxiques et persistantes, identifiée autour de deux sites chimiques à Pierre-Bénite
-
Métallurgie - Sidérurgie
300 salariés du fabricant d’électroménager Seb manifestent à Paris contre la loi PFAS… aux côtés de la direction
Comment Veolia et Suez détectent les PFAS dans l'eau potable pour mieux les éliminer
Les spécialistes français de la gestion de l’eau, Suez et Veolia, sont capables d’analyser, détecter et éliminer les PFAS concernés par la réglementation européenne. Avec deux technologies : le charbon actif et le traitement membranaire.
L’Europe est rattrapée par les Per- et polyfluoroalkylées (PFAS) qui peuvent polluer l’eau. Heureusement, les spécialistes de la gestion de l’eau potable, à commencer par Suez et Veolia, ont déjà sur des solutions. Veolia travaille depuis 2019 aux Etats-unis sur la détection et l'élimination de ces polluants. Le pays fait figure de précurseur dans la lutte contre les PFAS : une prise de conscience provoquée par la sortie du film "Dark waters", réalisé par Todd Haynes, en 2019.
Dans un communiqué, le leader mondial des services à l’environnement rappelait qu’à «ce jour, le groupe y a traité plus de 8 millions de m3 d’eau en utilisant près de 450 tonnes de charbon actif granulaire et d’autres matériaux qui permettent de séparer les PFAS réglementés et d"autres contaminants de l’eau, réduisant leurs niveaux en dessous des seuils réglementaires ».
Au contrôle sanitaire à partir du 1er janvier 2026
Aux États-Unis, Veolia a effectué près de 10 000 analyses d’échantillons d'eau au cours des cinq dernières années, ce qui a permis d’avancer dans les solutions d’élimination et surtout de se servir de cette expérience pour les autres pays qui légifèrent dans ce sens.
En Europe, la prise de conscience est plus récente. En ce qui concerne l'eau potable, il existe une directive européenne 2020/2184 du 16 décembre 2020 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine (EDCH). Elle a été transposée en droit français en janvier 2023. Une limite de qualité de 0,10 µg/L a été fixée pour la somme de 20 PFAS dans les EDCH. Et la recherche systématique de ces polluants éternels sera intégrée au contrôle sanitaire par les Agences régionales de santé à partir du 1er janvier 2026. Mais «depuis le 1er janvier 2023, toute situation de dépassement de la nouvelle limite de qualité mise en évidence doit être prise en compte» indique l’Anses.
Charbon actif et solution membranaire
Pour innover dans l’analyse des données et la gestion des risques sanitaires, Suez dispose d’un outil performant avec le Centre international de recherche sur l’eau et l’environnement (CIRSEE). «Nous sommes capables d’analyser une soixantaine de molécules à l’heure actuelle, alors que la nouvelle réglementation en impose 20, explique Gilles Boulanger, directeur du CIRSEE de Suez. Pour éliminer les PFAS, nous avons deux solutions : le charbon actif et la détection membranaire. Nous utilisons l’une ou l’autre, parfois les deux en fonction de la nature des PFAS.» Certaines usines d’eau potable de Suez ont déjà fait l'objet d'analyses, avec une présence faible de ces polluants.
«La détection est relativement récente et les techniques d’analyses avaient besoin d’être accréditées par le Cofrac [comité français d’accréditation, Ndlr]. Les accréditations datent de novembre 2023», précise Anne du Crest, directrice des opérations pour Veolia eau France. Veolia utilise trois grands types de solutions. Le charbon actif pour l’absorption des PFAS à chaîne longue, dont les quatre d’intérêt sanitaire (PFOA, PFOS, PFNA et PFHxS). Pour les polluants éternels à chaîne courte, elle utilise aux Etats-Unis une technique à base de résines, mais elle n’est pas autorisée en France. La troisième solution est donc, comme chez son principal concurrent, un traitement membranaire avec une technologie d’osmose inverse à basse pression.
Le laboratoire mobile Diabolo
En complément, Veolia annonce avoir développé un labo mobile baptisé "Diabolo" pour tester la qualité de l’eau sur ses différents sites. Ce projet monté par la R&D monte en puissance. Il y aura bientôt six laboratoires de ce type. «Il faut deux à trois mois de mesures et parfois des essais pilotes pour trouver le juste traitement et pour obtenir un bon équilibre technico-économique, explique Anne du Crest. Quand nous trouvons un polluant, nous recherchons d’abord la source pour comprendre et si possible l’éliminer.»
Depuis novembre 2023, Veolia a lancé les analyses sur ses sites français. Et quand il y a des PFAS, les remèdes ont malheureusement un coût non négligeable pour les usagers.
SUR LE MÊME SUJET
PARCOURIR LE DOSSIER