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[L'instant tech] Valgo trouve une solution pour extraire les polluants éternels PFAS dans l'eau
Valgo a breveté une solution pour extraire les composés perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés (PFAS) de l’eau. Mis en lumière par le film Dark Waters, ils sont classés «potentiellement cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques» par l’Agence européenne des substances chimiques.
Valgo, spécialiste de la revitalisation des sites et sols pollués, vient de breveter une solution pour extraire les PFAS (substances perfluoroalkylés et polyfluoroalkylées) en milieux aqueux, l’eau étant la première voie d’exposition humaine à ces composés classés comme «potentiellement cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques» par l’Agence européenne des substances chimiques.
La solution repose sur un additif naturel attirant les PFAS, dont Valgo ne divulgue pas le nom. «Dissous dans l’eau à traiter, cet additif se comporte comme une sorte d’éponge-moléculaire à PFAS», explique Eric Branquet, membre du Conseil de surveillance de Valgo, directeur d'Ecofield Consulting et expert environnement auprès de la cour d'appel de Paris. Après introduction de bulles d’air dans le mélange PFAS/additif, les PFAS remontent à la surface avec l’additif. Une fois la mousse de surface écrémée, le concentré liquide contenant les PFAS peut être extrait. Cette technologie «permet de traiter de gros volumes d’eau avec des temps de traitement très courts», estime Alexandre Bertuzzi, responsable du développement chez Valgo. Elle serait donc une «alternative aux actuelles membranes filtrantes onéreuses et consommatrices d’énergie», selon lui. Les eaux des stations d’épuration sont la cible prioritaire de Valgo qui prévoit de commercialiser sa solution auprès des collectivités entre fin 2023 et début 2024.
Dégradation très lente des PFAS en milieu naturel
Les PFAS ont été découverts par le grand public en 2019 avec le film américain Dark Waters. Ce dernier met en scène un avocat aux prises avec le groupe DuPont et son utilisation du PFOA, inventé par 3M pour fabriquer du teflon. Présentes sur les sites industriels qui en produisent (comme Arkema à Pierre-Bénite dans le Rhône) ou en utilisent (comme Tefal à Rumilly en Savoie), ces substances sont aussi présentes dans les revêtements antiadhésifs destinés à la cuisson, dans certains vêtements contenant des imperméabilisants et des anti-taches, dans les produits d’entretien, les mousses anti-incendie, les emballages, le papier, l’encre, l’électronique… Qualifiés de«polluants éternels», les PFAS se dégradent très lentement dans le milieu naturel, car la liaison carbone-fluor - très stable - résiste à l’oxydation, aux UV ainsi qu’aux hautes températures.
Le brevet européen de Valgo, validé par l’INPI en juin, coïncide avec l’inscription des PFAS à l’agenda en France. Le ministère de la Transition énergétique a en effet publié ce même mois un arrêté obligeant toutes les installations industrielles classées (ICPE) à qualifier et quantifier les PFAS de leurs rejets aqueux. Il s’agit de la transposition de la directive cadre «eau» européenne qui impose aux États d’avoir mis en place, avant le 12 janvier 2026, des mesures garantissant que les eaux de surface, souterraines et côtières respectent des valeurs limites de 0,1 microgramme par litre pour une liste de 20 PFAS. Soit un seuil 250 fois plus faible que celui d’aujourd’hui, qui est de 25 microgrammes par litre.
Équipement pilote à Petit-Couronne
Après avoir investi 2 millions d’euros en études et R&D avec des laboratoires canadiens et états-uniens, Valgo est en train d’affiner sa solution sur un équipement pilote à Petit-Couronne (Seine-Maritime), où se situe le siège social de l’entreprise (130 millions d'euros en 2022 et 700 salariés).
Valgo a commencé à plancher sur les PFAS quand l’État l’a chargé en 2019 de stocker temporairement les eaux d’extinction de l’incendie de Lubrizol à Rouen, eaux qui contenaient de gros volumes de mousses anti-incendie qui ont une forte teneur en PFAS (2 à 3%/m3), ce qui leur confère la propriété d’étouffer le feu en empêchant l’oxygène d’entrer.
Après avoir mené des investigations dans la Seine pour tracer les deux composés PFOS et PFOA, Valgo indique en avoir trouvé «très peu, sans doute du fait de leur dilution». Pour d’autres PFAS dans une nappe d’eau souterraine située à Saint-Étienne-du-Rouvray près de Rouen, la société a mis en évidence une «contamination plus forte, mais dans les clous par rapport à la règlementation d’alors» selon Eric Branquet.
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